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Un principe de base en psychologie / ses enseignements psychanalytiques

Dernière mise à jour : 23 févr.

Formé en psychologie à l'université Rennes 2 en Licence 1, je ne suis pas psychologue, mais psychanalyste. Ce texte peut faire entrevoir des différences fondamentales entre ces deux disciplines, et une ressemblance.


Une expérience de psychologie sociale connue [Leyens, 1986] consiste à faire recopier à la main à plusieurs sujets volontaires des pages de l'annuaire des téléphones. Ils ne savent pas pourquoi. On ne le leur dit pas.


Ils le font contre modeste rétribution.


Au fur et à mesure qu'il remplisse leurs pages blanches initialement de numéros de téléphones, deux expérimentateurs, dont l'un au moins est vêtu d'une blouse blanche - censée le légitimer comme "autorité légitime"- prennent ces pages des mains des personnes se prêtant à l'expérience : l'expérimentateur en blouse banche prend ces pages et les jette dans une corbeille à papier - qu'on nomme communément poubelle - que lui tend le second. Plusieurs fois.


Je ne sais plus en quoi est censée consister cette expérience, ce qu'elle est censée démontrer.


L'enseignement que j'en tire, comme être humain, est qu'on a méprisé les personnes qui se sont prêtées à cette expérience, qu'on a méprisé leur travail, leur signifiant peut-être qu'il ne sert à rien.


Comparé à la psychanalyse, faisons ressortir un point commun, néanmoins : les personnes "sujets de l'expérience", mais mis en position d'"objets" de cette expérience, étaient volontaires, comme les patients de psychanalystes désirent faire une psychanalyse.


La comparaison s'arrête là.


La psychanalyse n'est pas une expérience de psychologie, cognitive ou sociale.


Les seules parties prenantes d'une séance de psychanalyse sont le ou la patient.e et son/sa psychanalyste.


Les paroles que les patient.e.s adressent à leur psychanalyste ne sont connues que de ces deux personnes.


Aucun objectif, aucun résultat, n'est à atteindre ou à vérifier ou à évaluer en psychanalyse. La singularité du/de la patient.e est respectée.


Le/la patient.e est libre d'arrêter sa psychanalyse à n'importe quel moment. Cependant, il est sage de la mener à son terme. Il est possible pour cela de changer de psychanalyste.


Enfin, si les tenants de la psychologie classent la psychanalyse, quant elle est enseignée dans des cursus de psychologie, dans la catégorie de la "psychologie expérimentale", je ne suis pas de cet avis, moi, psychanalyste.


Une psychanalyse n'est pas une expérience scientifique. Ni les patients de psychanalystes ni les psychanalystes ne se prêtent à des expériences.


Jacques Lacan lui-même, a renoncé à faire de la psychanalyse une science.


Les résultats d'une psychanalyse sont subjectifs. Ils ne sont pas évaluables.


Il est rare que des patients ou anciens patients fasse état de leur psychanalyse. Cela devrait parler à ceux qui veulent évaluer les psychanalystes et leur pratique.

Christophe Gervot, psychanalyste, écrivain, le 12/10/2020.

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