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Nos voix d'écriture / Nuestras voces escribíamos (extrait)

Dernière mise à jour : 8 nov. 2020

Je publie ici un extrait d'un roman qui sera peut-être publié cette année. Il est coécrit, pour quelques lettres, celles que le personnage de Florence envoie au personnage de Loïc, avec celle qui a réellement écrit ces lettres, mais en espagnol (castillan). Je les ai traduites en français.



Pour son anniversaire, Florence a offert à Loïc ce roman, Océans, d'Yves Simon, avec, sur une carte de Kandinsky, ce message :


Mi Alma,

Pour que l’océan de tes yeux s’allume

Au jour de tes rêves,

Pour que mon regard touche les étoiles de

Ton ciel

Pour ton anniversaire,

Con todo cariño,

Florence.

Encore aujourd’hui, il tressaille en lisant ces mots.

Mais elle n’est pas là le jour de ses vingt-deux ans. Une mission d’interprétariat l’occupe pendant un temps à travers la France. Elle lui écrit de Guéret :

Loïc,

Elle voudrait que ce nom qui s’agite sur ses lèvres devienne présence, l’envahisse doucement pour abolir les distances et les temps.

Des heures pour être avec lui, des heures qu’on lui a volées et qu’elle cherche à retrouver comme un acteur qui veut voir vivre les rêves de ses journées. Elle veut lui dire son désir de vagabonder avec lui, ce soir, dans cette chambre d’ombres chaudes, aux angles émoussés par les années. Elle veut.

Elle a emporté dans ses bagages cette petite boîte que les vagues lui avaient abandonnée sur une lointaine plage mouvante, et elle sent le soleil qui brûle à l’intérieur. Allumer quelque part la lumière d’horizons opaques, effleurer ses lèvres dans les embruns d’une aube sucrée et se réveiller avec la main dans la sienne.

Les mots lui paraissent si pâles dans l’ordre des lignes, elle cherche une image dans l’océan de cette nuit, peut-être ces boutons de magnolias, aux veines silencieuses gonflées de sève, qui ont une envie irrésistible d’éclater. Loïc. Les pétales hésitants de l’incertitude se sont brisés et elle pense si fort à lui.

Enthousiaste, il l’était dans le train de La Rochelle, où il la rejoignait pour son anniversaire à elle. Quelqu’un, dans le train, lui demande de lui indiquer le port des Minimes. Sur le quai, elle l’attend, il la prend dans ses bras. Puis il lui offre ce livre de Paul Bowles, Leurs mains sont bleues, dont la couverture, bleue elle aussi, avait accroché sont regard.

Ils déjeunent dans un restaurant de poissons près de la criée. Se promènent sous les arcades, vers l’Hôtel de Ville, visitent la tour de la Lanterne. Au port des Minimes, dans le vent et les bruits des mâts qui s’entrechoquent, ils s’embrassent, se caressent.

Christophe Gervot, écrivain, traducteur, artiste plasticien tous médiums, extrait de 'Nos voix d'écriture / Nuestras voces escribíamos', roman et traductions des lettres de Florence, personnage non-fictif, le 06/09/2020.

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