christophegervot
Quand j’étais banlieusard, quand j’étais parisien / "Star hiking" from the suburb
J’attendais le dimanche
pour consulter l’Officiel des spectacles
acheté le mercredi, je crois.
j’achetais, avant, Le Monde
pour aller à Paris le dimanche,
dans les cinémas,
quand j’étais banlieusard.
J’allais, le dimanche,
au quartier latin,
pour les rétrospectives
de Wim Wenders,
de Jacques Demy,
pas loin de la Sorbonne,
dans ce cinéma du coin de sa rue,
j’ai oublié son nom.
Je prenais une conso,
avant, à la terrasse,
au café devant,
devant la Sorbonne.
Puis j’allais là-bas,
au cinéma.
Le dimanche,
Quand j’étais banlieusard, quand j’étais parisien.
j’entendais le bus
de ma rue,
quand j’étais à Rosny
et pas honni.
Je l’entendais passer,
plus bas,
et je savais
que je l’avais raté,
celui-là,
mais il me disait,
le bruit de son moteur,
qu’un autre arrivait.
Et je me dépêchais,
d’aller à l’arrêt.
Près du cinéma,
celui de là-bas,
de Rosny-sous-Bois.
Quand j’étais banlieusard, quand j’étais parisien.
Il s’appelait
Le Trianon.
J’habitais là.
Ce bus il n’emmenait
aussi
Place de la Mairie
de Montreuil,
plus loin que la Cité
des Pêches.
De ce côté,
pas de l’autre, du Périph’.
Mais j’y allais aussi,
dans les cinémas,
l’Action Christine m’a vu,
aussi,
arriver,
ce jour de la semaine,
ou je pouvais rester couché,
un peu,
et profiter
de ces villes touche à touche,
et de leurs couleurs.
C’est un dimanche aussi
que j’ai vu Le Méliès
que Le Méliès m’a vu,
arriver, entrer, payer,
pour voir une histoire,
filmée,
à Chanteloup-les-Vignes,
qui s’est mal terminée,
et qui a désolé
les gars de la cité,
de Montreuil ou d’ailleurs,
assis devant, ensemble,
et moi aussi, franchement,
assis au fond à gauche,
mais c’est pour sa fin,
je crois, qu’on étaient désolés.
Quand j’étais banlieusard.
Christophe Gervot, écrivain, poète, traducteur, le 18/8/2020.