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Psychanalyse : les après de ‘RiyeS !’ : le « redoublement du S1 »

Dernière mise à jour : 23 févr.

Il y a quelques mois, je publiais un ouvrage de psychanalyse, ‘RiyeS !’, où je mettait en avant des possibilités nouvelles d’accueil des patients à mettre du côté de la continuité des structures balisées par les positions subjectives des patients par rapport au langage.

Ainsi, je formulais une compréhension de l’autiste comme « en-deça de toute structure de l’inconscient structuré comme un langage », état du sujet indifférencié d’avant la frappe signifiante qui en fait un sujet barré, $, sujet ayant accepté la castration langagière.

De-même, je mettais, comme Jacques Lacan la psychose dans une position d’avoir accédé à la parole pleine par la frappe signifiante, mais aussi de n’avoir pas reçu un signifiant de la loi qui ferait pour un sujet psychotique Nom-du -Père et point de capiton langagier.

Pour partir, comme partent tous les sujets étant nés, de l’état d’autisme, il faut, pour le quitter, avoir été accueilli avec assez d’amour dans la parole pleine, celle qui parle personnellement du sujet.

Il y avait là, puisque la concordance avec la théorie lacanienne était a priori, même s’agissant de la lacune de Lacan, fort souhaitable et très souhaitée, une zone d’inconnu qui consistait à ne pas spécifier d’emblée, sans avoir attendu des apports autres et complémentaires, sans avoir pris le temps de comprendre, une zone d’inconnu prudente qui consistait à s’interroger sur l’identité entre ce premier signifiant personnel que les autistes en psychanalyse ou reçus dans des institutions comme celles du RI3 (Réseau International des Institutions Infantiles, qui travaille avec le champ freudien) ont à prononcer pour entrer dans la parole pleine (et dans le langage) et le S1 de Jacques Lacan.

Le S1 dont parle Jacques Lacan est le signifiant, noté S1, car premier signifiant accepté par le sujet comme support de son identification primordiale, qui est donné au petit sujet comme le définissant.

De mon côté, je reçus le S1 de « petite poupée » de ma mère. Mais je ne le refusai pas, ou du moins j’en fis conversation pour savoir ce qu’il signifiait. Et ce qu’il signifiait, pour ma mère, c’était le S2, le savoir sur le S1 que cette bribe de conversation me donna, sans doute sur l’aspect poupon et bien peigné, voire charmant, du petit enfant que j’étais. Et, par là-même, j’étais entré dans les échanges langagiers du côté du personnel, du me concernant, de façon acceptée. Ce S1 est retrouvé en psychanalyse par l’analysant, vers la fin de l’analyse, et il en découle une nouvelle façon de se rapporter à ce S1, plus subjectivée.

Des S1 peuvent sans doute être moins faciles à accepter par l’enfant que le mien. Des S1 peuvent éventuellement être méprisants ou rabattants. Des S1 peuvent être reçus après qu’un accueil suffisamment aimant ai été fait au bébé de la part de quelqu’un, de l’entourage. Des S1 sont sans doute refusés par des enfants, car inacceptables. Je souligne ici que cela est un point de théorie qui ne fera sans doute pas débat, mais que j’imagine seulement.

La zone d’inconnu que j’ai gardé prudemment autour de l’identité entre le premier signifiant accepté comme personnel par le sujet autiste et le S1 de tout un chacun, mettons-la au travail.

Tout d’abord, on peut dire sans se tromper qu’accepter un signifiant pour se définir soi-même, c’est bien sûr accepter d’être identifié à ce signifiant et quand tout va bien, de s’y identifier soi-même, cahin-caha parfois, ou avec une incertitude, une ambivalence, un inconfort ou une jouissance associée.

Dans le cas des sujets qui restent autistes longtemps, très longtemps ou jusqu’à la mort, en tout cas qui quittent l’enfance en étant autistes, et qui donc en fait, restent comme des enfants (d’où la pertinences des théories infantiles de la sexualité pour définir leurs questionnements) pendant toute cette longue période, on peut dire qu’ils n’ont pas, qu’ils n’ont toujours pas accepté un S1. Le fait qu’ils en acceptent un très tard dans leur vie, quand cela arrive, ne dit pas autre chose que ceci : ils ont vécu jusque-là en état d’enfance psychique, même si leur corps se jouit à leur façon, comme témoignage de la puberté (et non de l’adolescence, qu’ils n’ont pas eue).

J’avance donc que c’est donc bien leur S1 que les sujets autistes ont a prononcer et que nous devons accueillir en en faisant conversation analytique, en le confirmant. Attendons-nous à être les agents du S2.

J’ai écrit que j’avais eu besoin de réfléchir à tout cela, et que des apports de confrères ou de travailleurs du champ psy m’y aideraient.

Aussi, je veut remercier particulièrement le docteur Jean-Robert Rabanel, reçu à l’Université Rennes 2 par le Département de psychologie lors du colloque « Affinity Teérapy – Recherches et pratiques contemporaines sur l’autisme », « Le traitement des passions et inventions dans les diverses approches de l’autisme », où il prononça une conférence, « parler avec le sujet autiste à partir de ses inventions » et où il parla d’une autiste hébergée au Centre Thérapeutique et de Recherche de Nonette, en détail, et de son évolution positive dès lors que quelqu’un fit « redoubler son S1 ». C’est sans doute fondamental et cela rejoint mon écrit d’aujourd’hui. Cependant, il est possible, en raison des conditions liées aux personnels entourant cette autiste, avec leur structures personnelles, que cet effet positif n’ait été que de la dés-angoisser, ce qui peut lui avoir donné un rapport à la parole plus serein, mais pas forcément personnel. Je ne peux en dire plus uniquement avec les informations succinctes apportées par Jean-Robert Rabanel.

Dans ces nouveautés que la psychanalyse lacanienne apporte à l’abord des structures et de l’autisme, il ne faut pas éluder le fait que le ou les praticiens (en institution) qui se charge(nt) d’accueillir des sujets autistes, ou le ou la psychanalyste qui les reçoit à son cabinet, doivent faire valoir dans cet accueil, justement, leur structure et leur position par rapport au langage et aux possibilités que celles-ci donnent d’aimer, un peu, beaucoup, ou pas du tout. Pour que l’effet « thérapeutique » ou « analytique » ait lieu, il faut, dans l’accueil de l’autisme, au moins un interlocuteur de structure psychotique, ou encore mieux, névrosé.

Je remercie le département de psychologie de l’Université Rennes 2 de mettre à notre disposition les vidéos des interventions à leurs colloques.

Christophe Gervot, psychanalyste et écrivain, le 20 mai 2022

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