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Psychanalyse : les après de ‘RiyeS !’, 2 : le S1 est-il signifié aux autistes ?

Dernière mise à jour : 23 févr.

Il y a quelques jours, j’écrivais et je publiais ici le premier ‘Après’ de mon livre ‘RiyeS !’consacré en grande partie à l’accueil en psychanalyse des sujets autistes, sur l’identité entre le signifiant personnel que le sujet autiste a à incorporer en le reconnaissant comme personnel, propre, pour connaître la frappe signifiante sur le corps (qui l’amènera à comprendre la réalité), et le S1, le signifiant de l’identification primordiale du sujet $, dès lors sorti de l’autisme.

Je me demandais si rester autiste serait, dans le bain des paroles y compris de l’enfance en famille, dû à la signification d’un S1 non acceptable par le sujet, car connoté hors acceptable.

Cette hypothèse reste logiquement valable.

Cependant, une autre hypothèse pourrait s’y substituer, ou en être une alternative. Il se pourrait aussi qu’à des sujets autistes, dont le corps grandit, il ne soit signifié aucun S1. D’où une attente, éventuellement cruelle, de celui-ci.

J’ai continué à visionner les vidéos du colloque du département de psychologie de l’Université Rennes 2 sur « Affinity Therapy – Le traitement des passions et inventions dans les diverses approches de l’autisme » et ai vu l’exposé « Tintin la mémoire d’Albert » par Ivan RUIZ, président de l’association TEAdir, auteur du documentaire « D’autres voix », sur Albert, un jeune autiste qui a pour affinité la connaissance des albums de bande dessinée de la série Tintin.

Ivan Ruiz rapporte que « tout ce qu’Albert dit est référé à un discours universel dans lequel il ne se trouve pas. » Ce peut être la situation d’un sujet sans S1, sans identification primordiale qui lui fait sa place dans le monde, dans la famille, et dans la parole. Pas de parole rapporte souvent à être sujet du langage (« universel »). Albert parle en récitant les dialogues des albums de Tintin et « tous les rôles sont représentés mais son énonciation est élidée ». Il y a les énoncés appris et récités, mais

cela ne fait pas une énonciation, ni un sujet de l’énonciation. Albert n’est pas en position de sujet de l’énonciation en récitant simplement des énoncés appris, « comme s’il ne pouvait s’approprier une image propre », continue Ivan Ruiz. C’est l’identification primordiale du S1, faite des images qu’elle porte, que le S1 porte avec lui, mais avec aussi son versant de signifiant incorporable, qui manque à Albert. Comme le dit Ivan Ruiz dans son exposé, Albert cherche à intégrer une identification symbolique ». Avec le personnage de Tintin, personnage très correct en tout, Albert cherche-t-il à se faire correct à l’interlocuteur pour être accepté, en élidant sa propre image dont il dit, dans le documentaire d’Ivan Ruiz, qu’elle n’est pas toujours conforme aux usages sociaux habituels car il a, lui aussi, son caractère, ses drôleries ? Ivan Ruiz reconnaît que dire du Hergé, réciter des dialogues de Tintin, ce n’est pas faire place à son image à lui.

Remarquons qu’Albert privilégie les scènes de présentations entre personnages, comme s’il avait, en s’intégrant au social, à recevoir d’un autre le signifiant de ce qui le caractérise pour celui-ci, c’est-à-dire ce que le S1 est dans la famille.

Christophe Gervot, psychanalyste, écrivain, le 26 mai 2022

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