christophegervot
J’étais en retard,
aussi j’ouvris la porte avec inquiétude. La salle d’attente était pleine, tous les regards convergèrent vers moi et je m’assis, désireux de me faire oublier.
J’appris alors que le médecin avait trente minutes de retard.
N’ayant pas d’occupation particulière, j’observais tour à tour les patients.
En face de moi, une femme corpulente dévorait des magazines de ses yeux noirs et sévères, tandis que sa fille, une gamine aux cheveux blond fillasse et au visage blême, parsemé de tâches de rousseur se dandinait sur son siège.
A ma gauche, perdu dans ses classeurs, le regard dissimulé derrière de petites lunettes qui lui donnaient l’air sérieux, un jeune homme d’environ dis-huit ans remplissait des pages entières d’une écriture illisible.
Le médecin entra. « Mademoiselle Edmée Méadescendre », appela-t-il d’une voix nasillarde.
Mademoiselle Edmée Méadescendre caressa une fois encore son caniche et se leva péniblement. Ses vêtements entièrement noirs contrastaient avec la blancheur de ses cheveux. Elle quitta la pièce d’une démarche chancelante.
Au même instant entra une jeune fille au teint mate, habillée à la dernière mode et qui marchait au rythme inaudible d’un Walkman. Elle s’assit délicatement à la place laissée libre par Mademoiselle Méadescendre.
Dix heures sonnèrent, je patientai en pensant qu’il ne me restait qu’un quart d’heure à attendre, pendant que sa fille, une gamine aux cheveux blond fillasse et au visage blême, parsemé de tache de rousseur, se dandinait sur son siège.
Christophe Gervot, écrivain, le 13 mai 1982, pour une rédaction de la classe de 4ème du collège dont il était élève, et où il obtint le Diplôme national du Brevet des collèges l’année suivante.