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Formes et couleurs, une approche esthétique

Comment pouvons-nous expliciter notre approche des arts qui jouent sur ce que nous, psychanalystes, appelons "l'image spéculaire" ? Même notre approche à nous ?


Sommes-nous plus éloignés de l'image quand nous somme analysés ?

Répondre d'une seule façon, de manière univoque ne m'est pas possible ici, ni ailleurs. Car l'accès au symbolique (voir mes billets de psychanalyse sur ce blog) implique que l'image, celle qui ne parle pas phonétiquement, disons les tableaux des expositions, comme au Centre Pompidou, comme au Palais de Tokyo, comme au Petit Palais, comme au Musée d'Orsay, comme dans toutes les galeries sur notre sol (sans oublier les Musées et galeries à l'étranger) ne peut se lire non plus comme transmettant un message qui soit le même pour tous.

Dans leur lecture des images, les sujets sont tous dans leur singularité. Le beau, partout où il est, nous fait rêver les yeux ouverts, et parfois fermés.

Mais quand l'accès au symbolique n'exclut pas le Nom-du-père, le champ des possibles des sujets concernés est plus complexe, devant la réalité, fût-elle d'une grande beauté, fût-elle d'une grande force évocatrice, fût-elle dans la douceur de l'expression ou dans l'expressivité des couleurs employées par l'artiste. L'enseignement de Jacques Lacan ne dit pas autre chose. La folie sur le marché de l'art ou dans les salles de ventes quand vient l'heure des enchères pour un Basquiat ou un Courbet ne nous étonne qu'à moitié. Premièrement, nous savons que le génie habite ses œuvres, mais deuxièmement, il faut aussi considérer l'ensemble de l’œuvre picturale de tout peintre pour mettre en perspective les potentialités en terme de ventes des dits artistes. Car le marché de l'art est libre. L'offre et la demande s'y rejoignent au moment où résonnent les 3 coups de marteaux.

En tant que youtubeur œuvrant aussi dans le domaine de l'art conceptuel, depuis trop peu de temps pour avoir pu envisager d'exposer ailleurs, j'ai conscience de ces réalités et de ma formation artistique, mais ma connaissance des données présentes s'arrête là.

Cependant, je m'inspire de la vie qui est la mienne, la nôtre, et de la mémoire que j'ai de notre passé commun. L'aspect social de l'art lui donne une autre dimension, qui constitue la sève des meilleures réalisations artistiques en général.

D'où la nécessité que l'artiste puisse vivre et travailler dans la vraie vie, le réel , la réalité, parmi des gens, dont il ne peut s’exceptuer qu'à s'aliéner personnellement aux normes sociales telles que les préjugés, le conformisme, la croyance que les puissants sont légitimes de par leur puissance.

Y a-t-il des règles dans l'art ? Mon avis est que les seules règles présentes dans l'art ne sont pas des règles, mais des lois : les lois du langage. Les spectateurs, les amateurs d'art, les auditeurs, les acheteurs en passent forcément par le langage pour comprendre, subjectivement, tout œuvre d'art.

C'est aussi pourquoi l'art et les artistes peuvent être incompris, voire attaqués, même publiquement. Ou porté.es aux nues. Ou compris et même aimés vraiment et réellement. C'est une chance pour nous. Mais le cadre légal général et aussi celui des activités artistiques quelles qu'elles soient, quand il est respecté, fait que par exemple, les droits d'auteur ne vont qu'à l'auteur de l’œuvre, et que les fonctions et les métiers des industries culturelles sont définis légalement, et selon des conventions à caractère obligatoire.

Le cadre légal qui régit nos professions nous protège forcément. Ne l'oublions pas.

Et puis, nous avons nos vies qui restent intimes, privées, personnelles, secrètes, mais qui se retrouvent dans nos œuvres.

C'est la définition de l'inspiration. On peut même dire qu'elle est exhaustive.

A moins que la folie s'empare de la société et que nous soyons la cible des jaculations de ceux qui nous entourent. Même nous psychanalystes. Mais nous sommes assez grands pour choisir d'y répondre ou de préférer n'en faire qu'un souvenir qui nous atteint ou non. Le non a été la règle pour moi, même après réflexion. Pourtant le oui était possible, mais nous devons tous aussi faire avec les limites qui sont les nôtres et avec celles d'autrui. Parfois, elles ne sont pas les mêmes. La clé, c'est que nos libertés doivent être respectées.

Comme nos droits.


Christophe Gervot, psychanalyste, écrivain, musicien auteur, compositeur, traducteur, formateur, le 10/05/2020, 4:23 pm (GMT+1)

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