christophegervot
As an inner city man, 2 : Le FCN a-t-il perdu son jeu ? / What happened to the FCN way of playing ?
Dans la famille, on ne partait pas en vacances, ce n'était pas une habitude. Ou pas un besoin. On vivait à la campagne. On avait tout : le soleil, les arbres, les oiseaux, le calme. Il passait environ une voiture ou deux dans la journée.
On avait la mer à 30 km, maintenant, un peu moins sans doute. On pouvait aller vers le Morbihan, comme la plupart d'entre nous faisions, et même se revoir un peu là-bas, ou aller à La Baule, mais il fallait pouvoir s'accommoder du béton.
On avait le FCN 'Football club de Nantes' à Marcel Saupin, ou à La Beaujoire, plus tard. Et plus tard justement, la sortie Beaujoire nous servait surtout pour ne pas rater la sortie Angers sur le périph'.
Car au Foot, je veux dire au stade, le grand, celui-là, on n'y allait pas. On avait le multiplex à la radio grande ondes ! Et les coupures de journal que ma sœur collectionnait. Du coup je me suis un peu intéressé au foot. C'était la grande époque où le FCN rafflait la mise, avec les Michel, Bossis, Amice... Tiens, le gars Maurice Thorez allait-il à Marcel Saupin, lui ? Lui-peut-être, moi, plus tard, j'ai retrouvé avec plaisir le quai de Versailles à Nantes, où j'ai presque couru tous les matins de semaine pour aller à mon École d'arts graphiques après mon bac. La grande vie ! Etre étudiant en arts appliqués et n'avoir aucune préoccupation en tête sauf étudier.
Ce fut l'année où l'Erdre avait gelé, ça fait une paye !
Pas de téléphone dans notre petite collocation. Les parents n'avaient pas beaucoup de moyens, pas magiciens. Mais mon père n'avait jamais fait partie des vagues de licenciements aux chantiers. Ici, quand on dit "les chantiers", nous, les gens, on sait ce que c'est. pas besoin de vous le dire. Michel Sardou aussi, non ?
Mais à l’École d'arts appliqués (ici je ne fais pas de pub), on bossait tellement que 'Certains l'aiment Musique Musiques' finissait alors que je continuais... à bosser. Un jour ils ont passé 'Wuthering Heights' de Kate Bush, dans sa version de 'The whole story'. Sympa les gars et les filles ! Puis je finissais avec le pop club je suppose, à moins que Bernard Lenoir fût à l'antenne avant, je ne sais plus. Mon heure préférée pour 'C'est Lenoir', c'était 11h. Ou 22h45. Je lui doit quelques 33 tours, dont 'Stop Making Sense' des Talking Heads. Ce n'était même plus la 'Golden List du samedi', c'était... je ne sais plus, la séquence 'repérage' ? Je crois. Tous les soirs, à 22h30, José, (l'autre) José Sétien, lançait son Journal. On aimait, il lisait les nouvelles avec son accent du sud, je crois. Et toujours la nouvelle insolite, parfois du monde de la musique.
Après j'ai raccroché. A l'époque de l'indie pop chez Lenoir, j'avais plus envie d'être heureux que de me rendre triste en continuant à être fidèle à quelqu'un, Bernard Lenoir, qui joua un rôle pour beaucoup de jeunes de mon âge. Il ne le savait peut-être pas.
Sa collection des Inrocks, je ne pouvais pas la lui acheter car yaurait eu doublons. Mais quand on les relit, ces numéros, on en découvre encore les nouveautés d'alors.
Pourtant, l'écriture de chroniques musicales ne se prête pas beaucoup à faire littérature. J'ai décroché des Inrocks, me suis désabonné. Il me manque toujours le numéro spécial Jacques Demy. Je crois qu'on me l'a volé dans ma boîte à lettres. Quand j'habitais Paris. Une seule avant-première en tant qu'invité, aux Halles. Pas farouche, non je m'y rends tout seul, et la salle est bien triste. Ou réceptive ? On ne vois pas la différence dans le noir. Ah, je me rappelle... du coup j'ai rencontré, enfin vu, sur scène, Gaël Maurel. Je ne m'en souvenais pas. En fait, j'avais pensé que son allocution avait été bien courte. Astuce ? Pour laisser la place au film.
Même A Salim Kechiouche, je ne lui ai pas écrit ça. Que yavait le gars Maurel !
Bon, on reprend. Maintenant, quand je ne fais plus la queue pour un spectacle, je proteste.
Faut qu'j'm'y fasse ?
Alors en avant les pesetas !
(ça doit aller avec, ils disent)
Voilà, la vie c’est facile, pas besoin de demander quoi que ce soit, elle arrive partout, tout le temps, avec les gens : ya qu’à la vivre.
Nous les écrivains qui avons déjà écrit assez de pages pour non pas trouver un style, mais pour plutôt connaître notre style, n'avons pas toujours le goût de lire, sauf les livres de quelques auteurs que nous apprécions, car notre style télescope celui des autres auteurs. Je dois dire que je n'aime pas lire. J'aime la littérature, et non lire. Et nous préférons, en tout cas moi je préfère, vivre parmi les gens qui nous entourent, parmi ceux que nous rencontrons, là où nous sommes, là où nous allons, pour partager avec eux la vie de tous les jours, la vie courante, la vie et ses problèmes, car nous somme comme eux, même si nous écrivons.
Christophe Gervot, écrivain, psychanalyste, musicien auteur, compositeur, parolier, artiste conceptuel, traducteur, formateur, citoyen français, le 14/06/2020.